C'était une période très triste, même pour ceux qui étaient restés à la maison, et le désir de rendre hommage à S. Ubaldo, ne s'en faisait que plus sentir! Mais un décret du gouvernement italien, au début de la guerre,avait interdit les réunions publiques,les processions civiles et religieuses.
   Par conséquent, les Adjoints et le Maire de Gubbio, Conte Giammaria della Porta, votèrent l'annulation de la Festa dei Ceri de 1916, et laissèrent comprendre, que même les fêtes des années suivantes seraient suspendues, jusqu'à ce que "les âmes de tous soient de retour joyeuses et heureuses".
   C'est ainsi que la Festa dei Ceri (Fête des Cierges), ne fut pas célébrée à Gubbio durant trois années (1916-1917-1918). Mais nous pouvons justement retenir,que la Fête de 1917 a été légalement effectuée!!!

    En effet, les soldats eugubini du 51° régiment, vu que la Festa dei Ceri ne pouvait pas se dérouler à Gubbio, décidèrent de la faire là-haut, sur les pentes du Col di Lana, à peine quelques centaines de mètres derrière la première ligne du front.

   Les grands et sanglants combats s'étaient surtout dérouler Pian di Salesei soit tranquille dans ce secteur, durant les deux premières années de guerre, (1915 et 1916, tandis qu'en 1917, le front était assez calme: les Italiens avaient conquit le sommet du Col di Lana, contraignant les Autrichiens à reculer de quelques dizaines de mètres sur le Mont Sief: peu de mètres, mais suffisants pour que la vallée se trouvant en-dessous vers Pieve di Livinallongo e Pian di Salesi.

    C'est ici que nos soldats décidèrent de célébrer la Festa dei Ceri. La chose fut décidée plusieurs mois à l'avance. Les soldats eugubini bénéficièrent de l'aide du Capitaine Rinaldo Chelli (auteur des trois photos ci-jointes), et du haut commandement militaire. Il leur fut donc possible de construire spécialement trois cierges avec les palanquins et les statues des Saints correspondants.
 

   Nos Concitoyens réussirent vraiment à impliquer tout le monde: la Festa dei Ceri, en ce lieu de sang, devint la fête de l'exaltation de la vie!
    Quelques noms de ces héros "ceraioli": Filadelfo Agostinucci (1° Capitaine dei Ceri), Salvatore Albini, Angelo Camponovo, Alessandro Farnetti, Ettore Ferranti, Basilio Grasselli, Guido Maranghi, Raffaele Mazzacrelli, Giulio Menichetti, Giovanni Panfili, Settimio Rosati, David Tasso, Adolfo Vispi, et tous les autres eugubini qui formaient le 51° d' Infanterie.

    Ce 15 mai 1917 fut un jour pluvieux, mais le programme de la fête, parfaitement identique au traditionnel, se déroula fidèlement avec la S. Messe à 9h00, la Levée des Cierges (l'Alzata dei Ceri), à 12h00, et la Course à 17h00. Ce fut alors que, comme l'écrit Gerardo Dottori:..."Un aumônier benit Ceri et Ceraioli (Cierges et porteurs de Cierges): lesquels en gris-vert, avec un foulard rouge autour du cou, chantant la fameuse marche des Ceraioli, hissèrent les trois grandes "machines" , et se lancèrent vers le haut sur l'escarpement muletier du Col di Lana qui conduit à Salesei...tous se lancèrent à la suite des "fous de Gubbio"... e chacun voulait rejoindre un des Ceri pour pouvoir donner le change, la "spallata" ( la poussée"), et tous étaient envahis par une profonde émotion qui provoquait les larmes,...par un enthousiasme écrasant, qui les faisait courir le long de cette voie fatigante en zig-zag, qu'ils réussirent à dépasser en vingt minutes, et le Cierge du Saint protecteur de Gubbio, S.Ubaldo, toucha la petite clairière de la baraque blindée où résidait le commandant de la 51° d'infanterie. Ce fut un véritable assaut- sans effusion de sang- sur le Col di Lana, auquel cependant, aucun obstacle, même sanglant, n'aurait pu résister, tant fut l'enthousiasme qui se propagea rapidement à tous les participants".
 
    Le rite fut accompli, la tradition respectée! Certes, ce ne fut pas comme arriver à la Basilique de S. Ubaldo, au sommet du Mont Ingino, pour déposer le Cierges devant le corps sacré du Protecteur, mais il est certain que que chacun d'entre ces grands, la rejoignit de tout son propre coeur!
    

 

    Ce mai passa, et quelques mois après, le 24 octobre 1917, l'histoire écrivit le retrait de Coporetto: l'armée italienne dut abandonner très rapidement les positions conquises, et se retirer sur la ligne Monte Grappa- Montello-Piave.

 

  

  Naturellement, on perdit toute trace des Ceri de 1917, mais peu importe! Ils avaient excellemment accompli leur devoir! Aujourd'hui, à Pian di Salesi, il existe un sanctuaire militaire, où reposent 4700 soldats inconnus, 685 soldats connus italiens, et 19 autrichiens.