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Les origines du Château de Costacciaro | ||
2006
Les origines de Costacciaro
extraits
de la Conférence
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Entre les
années trente et les années cinquante du XIII° siècle, la commune de Gubbio
initia une véritable et propre phase de pénétration vers Flaminia et le
territoire des Marches. En un peu moins de trente ans les eugubini fondèrent
ou, dans au moins un cas, consolidèrent les châteaux de Pergola
(1234), Cantiano et Colmatrano (1235), Serra Sant'Abbondio
(ca.1257) et Costacciaro (1258-1263). Durant la même période,
obtinrent, en outre, les allégeances de Montesecco (1250),l'acquisition de
Fossato (1251),et-semble-t-il, de Sigillo, Scheggia qui,depuis un certain temps,
gravitait dans le district territorial eugubin (1163, charte de Frédéric
Barberousse).
Par contre, après la période
fil impérial durant le règne de Frédéric II ( mort en 1250),Gubbio fut
contrainte par les circonstances à affronter une nouvelle fois, --et ce ne sera
pas la dernière dans les rapports difficiles qui caractérisèrent ces deux
communes durant une bonne partie du moyen âge--,Perugia (1256-1259); et le
conflit se conclut de nouveau par la victoire du Grifo.
Quelques années après, à la
suite du passage définitif de Gubbio dans l'orbite ecclésiastique, la cité eut
le moyen d'expérimenter la bienveillance des Papes Urbain IV et Clément IV
lesquels, parmi les différents bienfaits, confirmèrent aux eugubini la
possession des châteaux édifiés peu de temps auparavant.
On établit la construction
de Costacciaro durant ce que l'on peut appeler la deuxième phase d'expansion de
Gubbio vers le versant nord-est, où les possessions des Avellanti de Santa
Croce étaient plus nombreuses. L'abbaye de Sant'Andrea dell'Isola dei Figli di
Manfredo, dont l'histoire mériterait d'être reconstituée en détail, dépendait
des bienheureux de Fonte Avellana, dont le contrôle s'étendait à de nombreuses
églises, châteaux et noyaux habités jusqu'aux portes de Pergola. Gubbio dans son
travail d'expansion, put compter aussi sur le consentement tacite, sinon sur la
connivence, de l'évêque du diocèse, désireux lui aussi, d'enlever aux Avellanti,
terres, âmes et décimes. En fin de compte, on peut affirmer, que au moins durant
cette phase historique,les intérêts des pouvoirs laïques et religieux,
s'accordaient parfaitement. D'autre part, en 1254, le Recteur du Duché de
Spoleto,ordonna à Giacomo, évêque de Gubbio, de ne pas molester, ni les moines
de l' ermitage de Fonte Avellana, ni les confrères du monastère de l'Isola dei
Figli di Manfredo.
Ce fut précisément durant la
guerre contre Perugia et immédiatement après, que Gubbio construisit deux autres
lieux fortifiés importants: Serra Sant'Abbondio (por contrôler la plaine vers
Sassoferrato), et Costacciaro.
Nous connaissons
certaines dates sur l'histoire initiale de ce château,surtout grâce à deux
affaires civiles qui se développèrent entre la huitième et la neuvième décennie
du XIII°siècle. Les actes de ses affaires contiennent des renseignements
très intéressants, même s'ils sont déjà en partie connus. De plus, par de
nouvelles informations acquises entre temps , ceux-ci nous permettent de
reconstruire ce qui s'est passé alors. Entre la fin des années cinquante et le
début des années soixante du Deuxième siècle,la commune de Gubbio "incita à la
révolte" les habitants de la zone nord-est de son territoire, contre les moines
de Fonte Avellana: un mouvement stratégique destiné à donner ses fruits. Une
opération telle,que les châteaux de Montesecco (diocèse de Cagli), Lecce
(diocèse de Nocera), Campreti,Capitale, Isola dei Figli di Manfredo et Villa
sorte (dicèse de Gubbio), tous appartenant -directement ou indirectement- aux
Avellanti, furent détruits ou de toute façon en partie endommagés. Les habitants
de ces lieux (dont certains furent réparés et reconstruits par les pères de
Fonte Avellana après 1265), allèrent peupler Pergola, Serra Sant'Abbondio et
Costacciaro.
La documentation disponible,
relative à l'affaire avec le Recteur du Duché de Spoleto, qui par juridiction
territoriale, revendiquait à la Curie romaine même la propriété de "Castrum
Collis Stazarii", n'est pas univoque sur la date de construction de ce
château. Dans les actes émis, les eugubini affirmèrent que Costacciaro avait
été édifié - à leur initiative- aux alentours de 1258-1263, par les familles
de l'Isola et du Château de l'Isola dei Figli di Manfredo, lesquelles, à
l'origine, appartenaient à l'abbaye de Sant'Andrea,qui à son tour dépendait de
l'Ermitage de Fonte Avellana. Le château, depuis sa construction en 1280-1285
(période à laquelle remontent les documents de cette affaire),fut toujours sous
dominance et dépendance de la commune de Gubbio,ainsi, comme le furent les
hommes qui l'habitaient.
Pour l'édefication du château, Gubbio a
dépensé 15.000 livres de monnaie ravennata.
L'appartenance à la commune de Gubbio, des familles qui autrefois habitaient la
villa de Isola, résultait de la conciliation donnée quelques années auparavant
par le cardinal Liberto,qui rapporta le consentement du Pontife et l'approbation
du Prieur de Fonte Avellana. Avec ce recours, Gubbio entendait repousser la
sentence émanant du Recteur du Duché de Spoleto, qui revendiquait au
Saint-Siège, la possession des principaux châteaux peu de décennies avant.
La conciliation du cardinal Liberto à peine rappelé, est très
importante. L'affaire remonte au 10 novembre 1265. Avec cette conciliation, on
mettait fin à cette sorte de conflit entre Gubbio et Fonte Avellana par la
distribution des châteaux desquels on a déjà parlé.Les passages qui concernent
l'Isola, sont très intéressants:
- les hommes du château de Isola allaient devoir restituer au monastère
avellanita leurs fiefs et leurs propriétés, avant le 13 décembre;
- les hommes de Isola allaient devoir payer 200 livres de monnaie ravennati
avant le 13 décembre, pour leur affranchisement:( ils étaient en effet, serfs de
la glèbe);
- la commune de Gubbio, allait devoir faire restituer avant le 6 janvier,
la moitié de tous biens communs concédés, en emphytéoses, aux habitants de Isola
ou achetés par les ruraux ; le monastère allait pouvoir acquérir l'autre
moitié,ou la laisser en emphytéose aux possesseurs;
- le lieu où s'élevait le château de Isola, allait rester la propriété des
avellaniti, qui allaient pouvoir construire des habitations pour leur propres
travailleurs;
- les hommes de Isola, après avoir satisfait les conditions
sus-rapportées,allaient devenir libres et affranchis, et la commune de Gubbio
n'allait pas les accabler de taxes plus élevées, que celles appliquées par le
monastère;
- la commune de Gubbio allait être responsable du comportement des hommes de
Isola, spécialement en cas de désagrément envers le monastère de Fonte Avellana
ou de Sant'Andrea de l'Isola dei Figli di Manfredo.
Le premier document contemporain qui mentionne explicitement le
Château de Costacciaro, remonte au 14 décembre 1265, et concerne un
événement assez important. Un certain maître Elia, auditeur général du pape,
s'adressait au podestat et au capitaine du peuple de Gubbio, jusqu'à ce qu'ils
n'eussent plus oser s'interposer dans l'affaire en cours, entre l'Ermitage de
Fonte Avellana et l'abbaye de Sant'Andrea, d'une part, et la commune du château
de Costacciaro ("Commune Castri Collistazarii") d'autre part, sous peine
d'excommunication! Excommunication, qui en fait,-du moins à ce qu'il semble-,
avait déjà frappé les maires de Costacciaro, Ugolino et Bentivoglia pour un
précédent litige contre la partie ecclésiastique. L'issue de cette affaire et
l'éventuelle révocation de l'excommunication nous sont totalement inconnues. Par
contre, nous savons que le 4 octobre 1267, Albertino da Montone, prieur de Fonte
Avellana, chargea Forte, camerlingue de l'ermitage, de retirer auprès du maire
de la commune eugubine, l'excédent des 200 livres nécessaires à
l'affranchissement des habitants de Isola, paiement qui fut acquitté à Gubbio le
21 décembre suivant. D'autres documents intéressants, remontent à septembre
1285, quand la commune de Gubbio ratifia la vente qui lui avait été faite par
Filippo "Bennesinne", d'un lopin de terre situé, dans le château,sur lequel
avait été construit l'édifice qui abritait la "commune",c'est-à-dire, le siège
du capitaine,-toujours élu par les eugubini-, et du conseil des hommes de
l'Université du château de Costacciaro. Un document de 1535, atteste que le
siège de la commune était alors établi le long de l'avenue principale. S'agit-il
peut-être du même édifice du XIIIème siècle?
Le
développement de Costacciaro fut assez rapide, si bien que 20 ans après sa
fondation, il y eut de nombreux conflits entre ses habitants, qui tendaient à
transformer le versant de Monte Cucco en aires cultivables, et l'abbaye de
Sant'Andrea, qui, propriétaire de ces terrains, entendait les utiliser pour les
pâturages de ses propres troupeaux; sur cette énième discorde, il existe de
nombreux documents publiés dans Carte di Fonte Avellana,et relatifs à certaines
dépositions faites par de nombreux habitants du lieu. Les actes de ce énième
litige, datables à la périodes 1287-1289, sont très importants, parce qu'ils
confirment entre autres, que Costacciaro fut édifié vers la fin des années
cinquante et le début des années soixante du XIIIème siècle. Même dans ce cas
pourtant, on n'a aucune connaissance de la conclusion du litige, et de plus, vu
comment allèrent les choses par la suite, on peut retenir que l'abbaye de
Sant'Andrea a été obligée de se plier à ces nouvelles circonstances.
Dans le contexte de ces
avènements, on trouva certains documents se rapportant à la famille Guelfoni,
qui à elle seule, - il est bien de le rappeler -, mériterait une étude
appropriée. La seigneurie rurale des Guelfoni, fut très importante pour
l'histoire de Costacciaro: peu savent d'elle. Ce que nous pouvons dire pour le
moment, sur la base de la documentation disponible,c'est que les Guelfoni n'ont
jamais exercé aucun pouvoir politique sur Costacciaro. Pour Gubbio, ce château
était très important et à égalité avec les autres. (p.e. Pergola, Cantiano,
Serra Sant'Abbondio). Elle le gouvernait par l'intermédiaire d'un officier
propre (dans ce cas-ci, il s'agissait d'un capitaine), duquel, entre autre, on
attendait la convocation du conseil, véritable organe administratif
d'autogestion de Costacciaro. Le capitaine était accompagné dans ses propres
fonctions par le camerlingue, parfois par un notaire et, à l'occasion, par un
maire ou plusieurs. A la tête de l'Université, il y avait quatre conseillers,
appelés au XVème siècle, "li quatro o massari". Un document très suggestif et
solennel parut le 4 juillet 1274, quand,sur mandat du capitaine Giacomo di
Suppolino, le "parlamento seu arenga Communis et Universalis Castri collis
stazarii", se réunit à la municipalité pour élire un procureur, "de
voluntate dicti parlamenti et ipsum parlamentum totum auctoritatem dicti
Capitanei".